"Techniques d’enquête numérique judiciaire : les défis d’une survie dans la modernité", Enjeux numériques, Annales des Mines, n°3, septembre 2018, p.58-62.
Généralement, lorsque nous songeons aux techniques de pointe en police judiciaire, se bousculent dans nos esprits les relevés d’empreintes, les tests ADN, voire, pour les plus technophiles, les écoutes téléphoniques ou « interceptions judiciaires », ou encore l’analyse comportementale prédictive. Rares sont ceux qui évoquent les IMSI catchers (1), les chevaux de Troie informatiques, la géolocalisation téléphonique ou par balisage… que l’on croit plutôt l’apanage des services de renseignement.
De fait, les techniques d’enquête de la police judiciaire française font figure de parent pauvre politique, industriel et médiatique. Pour s’adapter aux nouvelles formes ou aux nouvelles manifestations de la criminalité, pour assurer leur modernisation ou leur acclimatation à l’environnement numérique, elles sont donc désormais confrontées à trois défis quasi vitaux : un défi ontologique face à la concurrence tant politique que technologique de la police administrative ; un défi juridique et jurisprudentiel ; un défi technologique de modernisation et conduite de projets.